Un puits de carbone est un mécanisme naturel ou artificiel qui absorbe et stocke le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère, principal gaz à effet de serre responsable du réchauffement climatique.
Les puits de carbone naturels comprennent les forêts, les océans, les sols et les tourbières, tandis que les puits de carbone artificiels font appel à des technologies de captage et de stockage du carbone (CCS).
Le bambou, en tant que plante ligneuse vivace, entre dans la catégorie des puits de carbone naturels renouvelables : il capte du CO₂ via la photosynthèse et le stocke aussi bien dans son système racinaire (rhizomes) que dans ses parties aériennes vivantes (feuilles, chaumes).
Le bambou est une ressource renouvelable dont l’impact sur la séquestration du carbone repose sur la photosynthèse, comme pour toutes les plantes. Il transforme le CO₂ en biomasse végétale. C’est-à-dire que la matière végétale qui le constitue est composée du carbone qui a été prélevé dans l'atmosphère.
Le bambou étant une herbe ligneuse, 50 % de sa masse sèche est constituée de carbone — une proportion équivalente à celle des arbres.
Attention cependant à l'idée reçue que le bambou séquestre "plus" de carbone que les arbres. La différence réside dans sa vitesse de croissance qui lui permet de capter rapidement du CO₂ qu'un arbre, mais pas davantage.
En effet, la vitesse de séquestration d’une bambousaie est 3 fois supérieure à celle d’une jeune forêt nouvellement plantée (15 et 25 tCO₂/ha/an contre 1 à 10 tCO₂/ha/an). Elle atteint son pic de stockage en 10 à 15 ans, contre 30 à 50 ans minimum pour les essences d'arbres les plus rapides. Toutefois, sa capacité totale de stockage maximale est 2 à 3 fois inférieure à celle d’une forêt mature.
En résumé : le bambou séquestre plus rapidement du carbone qu’une forêt, bien que sa quantité soit inférieure, ce qui en fait un atout stratégique face à l'urgence de la situation : doubler les puits de carbone en moins de 30 ans !
Avant de se demander combien de tonnes de carbone une bambousaie peut capter, il est nécessaire de préciser quel mécanisme considérer pour le calcul.
Dans le monde forestier, on distingue 3 mécanismes de captation carbone pouvant être considérés pour quantifier la quantité de carbone capté par une bambousaie : les 3 S.
La séquestration correspond à la quantité de CO₂ capté par la plante vivante sur la parcelle. Une bambousaie peut séquestrer environ 200 tCO₂/ha dans ses chaumes (tiges) et son système racinaire.
Ce stock de carbone existe tant que la bambousaie est ni dégradée, ni brûlée, ni détruite.
Ce réservoir est généralement le seul valorisable dans les certifications carbone (émission de crédits carbone) car il estmesurable et vérifiable.
Ce réservoir concerne le CO₂ stocké dans les produits fabriqués à partir du bambou récolté (isolants, matériaux de construction, etc).
Ce réservoir n'est généralement pas valorisable via des crédits (aussi appelés certificats) carbone, car difficilement quantifiable. En effet, il dépend directement de l'usage du bambou, de la durée des vie des produits fabriqués et de leur fin de vie.
Quantifier ce réservoir nécessite donc de faire de nombreuses hypothèses. L’évaluation ne peut être menée avec certitude, ce qui est incompatible avec les exigences des certifications carbone.
Ce réservoir correspond aux émissions évitées lorsque des produits à base de bambou remplacent des matériaux d'origine fossile au bilan carbone plus élevé (ex : laine de verre, béton, plastique…).
Par exemple, remplacer de la laine de verre par un isolant en bambou évite les émissions dues à la fabrication de cette laine fortement carbonée.
Mais là encore, ce réservoir est très complexe à évaluer précisément, car il nécessite de connaître exactement ce que l’on remplace.
Sur 30 ans, un hectare de bambou peut permettre de :
Total théorique : 1 000 tonnes de CO₂ / ha / 30 ans
Cependant, seul le réservoir de séquestration (200 tonnes) est reconnu dans les certifications carbone, il est le seule mesurable et vérifiable sans ambiguïté.
Le bambou n’a pas vocation à remplacer ou surpasser les forêts. L'objectif est de les compléter intelligemment.
Ses atouts :
À condition de bien structurer sa chaîne de valeur et de mener cette culture de façon raisonnée, selon les principes de l’agroécologie.
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Sources :
[1] J. Q. Yuen, T. Fung, et A. D. Ziegler, « Carbon stocks in bamboo ecosystems worldwide: Estimates and uncertainties », For. Ecol. Manag., vol. 393, p. 113‑138, juin 2017, doi: 10.1016/j.foreco.2017.01.017.
[2] B. Bernal, L. T. Murray, et T. R. H. Pearson, « Global carbon dioxide removal rates from forest landscape restoration activities », Carbon Balance Manag., vol. 13, no 1, p. 22, déc. 2018, doi: 10.1186/s13021-018-0110-8.
[3] P. van der Lugt, T. ThangLong, et C. King, « Carbon sequestration and carbon emissions through bamboo forests and products », INBAR Working paper.